Jean-Christophe Blumhardt
F. Grin
En 1842, Blumhardt est appelé au chevet d'une jeune fille atteinte d'une grave hystérie. Le pasteur s'occupa de la malade, alors que les médecins, au bout de leur science, jugeaient eux-mêmes que ce cas singulier rentrait plutôt dans le domaine de la cure d'âmes. A son corps défendant et usant de la plus grande réserve, le pasteur essaie de porter secours à la pauvre âme en détresse en se laissant dicter sa conduite par la parole de Dieu. Mais les événements qui se déroulent alors dans la maison de Gottliebin Dittus, sont si inouïs, le retentissement de l'affaire qui dure plus de deux ans et rebondit à plusieurs reprises, est si troublant, que le pasteur qui s'y trouve mêlé, doit bientôt se justifier devant l'autorité ecclésiastique dont il relève et devant le monde savant. Le rapport adressé au consistoire et la réponse aux attaques violentes de son ancien ami, le Dr de Valenti, nous renseignent d'une façon précise sur les faits et la manière dont Blumhardt les envisage. La droiture de son caractère, le respect qui l'entoure, la bienveillance de l'autorité ecclésiastique à son égard, ne nous permettent pas de douter de sa bonne foi. Son récit nous rappelle les histoires les plus lugubres de maisons hantées et de spectres damnés. Pour Blumhardt, il n'y a pas eu de doute que la Gottliebin ne fût possédée par des démons. Esprits damnés, ils provoquaient les souffrances de la malade et travaillaient à la perte de cette âme soumise dès son enfance à certaines influences obscures. Elle est donc assaillie par les démons qui manifestent leur présence par des coups, des flammes bleues, des apparitions. Comme, avec le secours spirituel du pasteur, elle résiste à leur séduction, ils usent de moyens plus grossiers. Ils introduisent dans son corps des aiguilles, des clous qui sortent ensuite de sa bouche ou de ses yeux. Ils lui injectent du poison, l'obsèdent d'idées de suicide. D'étranges phénomènes de catalepsie, de matérialisation se produisent, qu'il n'y a pas lieu d'étudier ici. Mais ce qui nous intéresse du point de vue théologique, c'est l'interprétation que Blumhardt en donne. Pour sa part, il est convaincu qu'il a affaire aux puissances de l'enfer, que c'est contre elles qu'il lutte, et non contre des idées fixes ou contre les suggestions et les hallucinations d'une âme égarée. Dès que cette conclusion lui semble suffisamment vérifiée, il dirige ses attaques avec décision contre celui qui se cache derrière tout cela, contre Satan. La prudence dont il fait preuve, n'est donc pas celle du dilettante qui se meut sur un terrain peu connu, ni celle de l'esprit sobre qui ne voudrait être victime d'aucune duperie, mais bien le souci d'une âme craignant les pièges que Satan le rusé peut lui dresser à chaque pas. Parce qu'il croit à la réalité, à l'efficacité, à la terrible tentation de la magie noire, il s'en tient aussi strictement que possible aux méthodes bibliques pour chasser les démons. Les armes spirituelles de la prière et du jeûne, consacrées par l'exemple du Christ, lui suffisent. Avec cette déclaration : « nous avons pu constater ce que Satan peut faire, à présent il s'agit de voir quelle est la puissance du Christ », il avait commencé la lutte au nom du vainqueur des démons. Cette lutte le mènera loin. Ce ne sont pas seulement des groupes, des armées du mauvais esprit qu'il réduit à l'impuissance, c'est un des grands chefs des démons qui, vaincu par la fidélité et la foi d'un serviteur du Christ, quitte finalement avec le cri farouche : « Jésus est vainqueur », le corps de la jeune fille pour être précipité dans l'abîme de l'enfer. C'est un véritable exorcisme au nom de Jésus qui a été pratiqué.
Cette guérison est donc une victoire du Christ vivant sur la formidable puissance du diable. La pensée réaliste et biblique de Blumhardt en tire une conclusion d'une grande portée. Un fait s'est produit qui rapproche les temps présents de l'époque apostolique, une puissance du royaume des cieux s'est manifestée qui durant des siècles était restée inefficace. Serait-ce l'aurore d'une nouvelle Pentecôte ? Alors Blumhardt prend conscience de sa mission johannique. La joie de l'apôtre qui se sent revêtu de puissance donne à sa prédication une autorité nouvelle, et le réveil éclate. Le pasteur de Môttlingen avait agi autant que possible dans le secret, mais ses paysans étaient bien informés. Beaucoup d'entre eux avaient encore une mauvaise conscience, ils avaient été récalcitrants, avaient renié leur maître, ne devaient-ils pas redouter le jugement du Christ qui venait de manifester son pouvoir d'une façon si effrayante ? L'un après l'autre, ils viennent confesser leurs péchés au pasteur, qui s'étonne de la sincérité de leurs paroles et du contenu de leurs confidences. Spontanément on lui demande la rémission des péchés. Il ne trouve pas de raisons à la refuser et l'accorde simplement en imposant la main. L'humble geste prend immédiatement une signification sacerdotale et quasi sacramentelle par l'effet qu'il produit sur les pénitents. Blumhardt en est lui-même surpris, comme s'il était transporté dans une sphère inconnue où des puissances sacrées se font jour. C'est le signal d'une conversion générale. Aussitôt le mouvement de réveil s'étend et son instigateur devient une sorte de prophète dont la renommée va grandissant. Les guérisons miraculeuses se multiplient, de toutes parts des âmes fatiguées et chargées affluent vers lui, il prie avec elles, leur impose les mains; un souffle d'esprit apostolique les enveloppe et les soulage. Môttlingen a sa grande époque.
Au culte du vendredi saint en 1848, les fidèles s'écrasent au pied de sa chaire. Le presbytère devient peu à peu un refuge qui ouvre ses portes à tous les malheureux. On vient de la Suisse, du Nord de l'Allemagne, de l'Alsace. Un homme plus vaniteux aurait pu avoir l'idée de créer une sorte d'église apostolique. Blumhardt n'en éprouva nullement la tentation. Parce que le mouvement avait pris naissance spontanément, il crut y voir un signe : Dieu voulait en faire profiter toute l'église. D'ailleurs il était trop sobre pour ne pas voir les grandes lacunes qui restaient à combler. Un rayon éblouissant de lumière, tombant dans l'obscurité rend les ténèbres d'autant plus sensibles. De plus, le prophète de Môttlingen connaît trop bien la bible pour ne pas savoir combien les grands changements s'opèrent lentement et difficilement. Que sont ces succès à côté de la grande misère du monde ? Ils ne signifient qu'une promesse et un appel à prier davantage pour une nouvelle effusion du Saint-Esprit. La note eschatologique dominera donc de plus en plus dans la vie religieuse de Blumhardt. Mais la présence du Christ si puissamment ressentie à travers ses expériences, garantira à cette attente eschatologique son caractère joyeux et optimiste.
Le chemin du calvaire
Roy Hession
Plusieurs seront sans doute surpris en lisant cette brochure, leur conception du réveil étant bien différente ! On est souvent enclin à considérer le réveil comme une chose spectaculaire, caractérisée par un mouvement de masse impressionnant : des foules d’inconvertis convaincus de péché, et cela au milieu d’une plus ou moins grande excitation. Dans ce cas, on ne peut jamais prévoir quand et où se passeront de tels réveils, malgré le désir ardent de les voir se réaliser. C’est là une chose pour laquelle on ne peut que prier et attendre l’heure de Dieu. En attendant, les croyants acceptent la défaite, laissant l’Eglise continuer à rendre un témoignage médiocre, parce que privée de la vie d’En-Haut. Mais Dieu soit béni ! Plusieurs enfants de Dieu ont fait avec nous l’expérience que le réveil est souvent chose toute différente. Non ! le réveil n’est pas spectaculaire, en tout cas pas pour qui est convaincu de péché devant la croix. Et, quand de grandes manifestations se produisent, reconnaissons qu’elles ne constituent que l’à-côté du réveil, la partie la moins importante. Nos amis missionnaires qui sont venus nous parler en témoins d’un réveil — vu et vécu — ont, intentionnellement, omis de nous en décrire ce côté spectaculaire, craignant par-dessus tout d’obscurcir, par de telles descriptions, le message qu’ils avaient sur le cœur de nous apporter.
Notons, en second lieu, que le réveil ne concerne pas d’abord les inconvertis, mais le peuple de Dieu lui-même. Réveil signifie simplement retour à la vie nouvelle, ce qui sous-entend qu’il y a déjà eu vie. Les inconvertis n’ont pas besoin d’être « réveillés », car il n’y a pas de vie en eux qui puisse être renouvelée, réveillée. Ils ont tout simplement besoin de la Vie. Ce sont donc les chrétiens qui doivent être « réveillés », car il y a eu chez eux un recul, une diminution de vie spirituelle ; ils se sont endormis. Aussi, les « candidats au Réveil » sont ceux qui veulent bien confesser ce recul, cette diminution de vie. Dieu pourra réveiller dans la mesure où les péchés seront confessés d’une manière claire et précise. Lorsque de telles choses se passeront parmi les chrétiens, Dieu pourra alors travailler parmi les perdus avec une force nouvelle, et son œuvre de grâce sera visible pour tous. Une des devises d’Evan Roberts, lors du réveil du Pays de Galles, était : Courbe l’Eglise et sauve le peuple. Les deux dépendent l’un de l’autre. Le monde a perdu sa foi, parce que l’Eglise a perdu son feu.
Encore un mot pour le lecteur ! S’il veut être béni, qu’il lise ces pages, le cœur rempli d’une grande soif ; qu’il soit insatisfait de l’Eglise en général, et de lui-même..., mais surtout de lui-même. Il faut qu’il accepte que Dieu commence l’œuvre dans son propre cœur et non dans celui de son prochain, et ensuite qu’il place toute sa confiance en Dieu pour qu’il agisse. S’il est serviteur de Dieu, la nécessité du réveil est des plus urgentes pour lui, et nous souhaitons qu’il en soit profondément convaincu. C’est dans la mesure où il reconnaîtra sa propre misère et acceptera d’être béni, que le Seigneur répandra la bénédiction sur son troupeau. Oh ! qu’il comprenne avant tout qu’il doit être le premier à s’humilier devant la croix. S’il n’y a pas de conviction de péché parmi ses auditeurs, qu’il se laisse d’abord convaincre et briser lui-même. Le peuple de Ninive s’est repenti au moment où son roi, quittant son trône, s’est humilié sous le sac et la cendre.
Cependant, que le lecteur qui ne travaille pas directement au service de Dieu ne soit pas tenté d’attendre que l’œuvre de brisement commence chez son pasteur ou l’ancien de son assemblée. Non ! Dieu veut commencer son œuvre en vous. Il veut la commencer par vous et avec vous.
En Danger
Johann Christoph Arnold
Chaque parent souhaite que son enfant soit heureux et réussisse sa vie. Comment alors le protéger des mauvaises influences et lui offrir des bases solides pour construire son avenir ?
Fort de sa propre expérience et de multiples témoignages receuillis, Johann Christoph Arnold dévoile les éléments essentiels d’une bonne éducation. Selon lui, le plus grand mal dans ce monde et la plus grande menace pesant sur nos enfants est l’indifference. Dès lors, nous les aimons et les servons au mieux si nous leur accordons de l’attention et du temps. C’est bien plus important que le confort matériel et les cadeaux extravagents.
Cette attitude, simple en apparence, se révèle délicate en pratique. Elle est en complète contradition avec le mode de vie occidental et nécessite donc une réelle remise en question de nos habitudes. L’auteur encourage les parents à s’engager pour leurs enfants et donne des pistes pous créer autour d’eux une atmosphère d’innocence et d’acceptation, socle d’un épanouissement mutuel et d’une protection efficace.
En ce livre il s’agit de la mort, entendu, mais l’essence de son message c’est la vie. Tout comme un nouveau-né nous enseigne de lutter pour vivre, il en est de même des malades et des personnes âgées. Comme le nouveau-né se débat pour respirer! Sa détermination de vivre semble plus grande que son petit corps. Il en est de même pour la lutte pour la vie, qui accompagne si souvent notre dernière heure. Petit à petit la sève vitale s’écoule; la flamme vacille, et le mourant doit concentrer toute son énergie: respirer! Le sens profond de cette double lutte—au commencement de la vie, et à sa fin—reflète la lutte entre Satan, le prince des ténèbres et de la mort, et Dieu, Créateur et dispensateur de vie.
Je vous dis un mystère
Johann Christoph Arnold
Avez-vous peur de mourir? Vous êtes-vous tourmenté à propos de vieillir, de devenir un fardeau pour vos enfants? Vous demandez-vous comment vous pourrez survivre votre épouse, si elle allait mourir, ou votre père, votre mère, ou votre enfant? Est-ce que quelqu’un d’aimé est en train de faire face à la maladie, ou la mort? Que ce soit consciemment ou inconsciemment, chacun doit inévitablement faire face à ces questions, à un moment ou l’autre.
En ce livre il s’agit de la mort, entendu, mais l’essence de son message c’est la vie. Tout comme un nouveau-né nous enseigne de lutter pour vivre, il en est de même des malades et des personnes âgées. Comme le nouveau-né se débat pour respirer! Sa détermination de vivre semble plus grande que son petit corps. Il en est de même pour la lutte pour la vie, qui accompagne si souvent notre dernière heure. Petit à petit la sève vitale s’écoule; la flamme vacille, et le mourant doit concentrer toute son énergie: respirer! Le sens profond de cette double lutte—au commencement de la vie, et à sa fin—reflète la lutte entre Satan, le prince des ténèbres et de la mort, et Dieu, Créateur et dispensateur de vie.
Le Defi de la pureté
Johann Christoph Arnold
Tabou à certaines époques, la sexualité est aujourd’hui banalisée à l’extreme, devenant le simple exutoire à un besoin naturel. Les forces économiques, scientifique, culturelles, sociales et commerciales ont fait d’elle un objet, entraînant un bouleversement profond de la structure familiale et des pratiques sexuelles dans nos societés occidentales qui, lorsqu’elles ne l’ont pas ridiculisée, ont rélégué la réflexion éthique sur le sujet au second plan, voire l’ont totalement évacuée.
Conscient d’être sur de nombreux points à contre-courant de la « sagesse » actuelle, mais sans se contenter de blâmer la société pour ses influences corruptrices, J.C. Arnold montre comment Jésus-Christ, source de l’amour, apporte une pureté qui libère et permet de vivre une vie nouvelle, dans laquelle le soutien des autres chrétiens est fondamental.
En effet, pour l’auteur, Église et vie de pureté sont indissociables. C’est à partir de cette conviction qu’il fait appel au courage et à l’autodiscipline des chrétiens pour qu’ils relèvent le défi de la pureté dans les domaines liés à la sexualité comme les fréquentations et le mariage, le célibat ou les enfants.
Le Disciple
J. Heinrich Arnold
`Le disciple’ est un livre dur. Dès le début de sa lecture, je fus frappé par les paroles d’Heinrich Arnold comme d’une épée à double tranchant, m’appelant à choisir entre la vérité et le mensonge, le salut et le péché, la lumière et les ténèbres, entre Dieu et le démon. Tout d’abord, je n’étais pas sûr de vouloir être interpellé d’une manière aussi directe, et je découvris une certaine résistance en moi-même. Je voulais que la bonne nouvelle de l’évangile soit aimable, consolante et réconfortante, offrant la paix intérieure et l’harmonie.
Mais Arnold me rappelle que la paix de l’évangile n’est pas la même chose que la paix du monde, que la consolation de l’évangile est tout autre chose que la consolation du monde, que la douceur de l’évangile n’a rien à voir avec l’attitude libérale du monde. L’évangile exige un choix, un choix radical, un choix qui n’est pas toujours apprécié, soutenu ni glorifié. Toutefois, l’ouvrage d’Arnold n’est aucunement sévère, inflexible, fanatique ou hypocrite. Ce livre, au contraire, est plein d’amour, un amour dur mais vrai, le même amour qui s’écoule du cœur brisé de Jésus.
Ce qui rend les paroles d’Arnold tellement salutaires, est le fait qu’elles ne proviennent pas d’une idée, d’une idéologie ni d’une théorie, mais d’une connaissance intime de Jésus Christ. C’est Jésus, le Christ, qui est au centre de toutes les suggestions, de tous les conseils qu’il nous donne, et de toute la sollicitude exprimée dans ces réflexions. C’est vraiment un livre centré sur le Christ.
Une formation d'après Jésus
Christoph Blumharddt
Ce qu'il nous faut aujourd'hui, ce n'est pas une confession de Jésus-Christ, mais sa personne. Dans les Évangiles, nous ne trouvons aucune « confession » qui se rapporte à lui, mais il est au centre, lui, et lui seul. Tant de choses se sont interposées entre lui et les hommes ! maintenant il faut qu'il reprenne ses droits.
« Vous venez d'en bas », dit le Sauveur ; vous êtes des produits de l'histoire, historiquement sur terre ; « Moi, je viens d'en haut », je ne suis pas une personnalité historique, je ne dépends de rien : ni d'un père, ni d'une mère, ni d'un temple, d'un peuple ou d'une coutume ; rien ne m'a préparé que Dieu lui-même. Et maintenant, il nous dit : Suivez-moi ! Celui qui me confesse, - moi qui suis en dehors de l'histoire, - celui qui vit parmi vous sans attache, qui, en dehors de votre piété et de votre justice, prend les ordres de Dieu seul, celui-là, je puis le reconnaître devant mon Père céleste. Les autres, ceux qui ne se soucient que des produits de l'histoire, sortis de la famille, de l'État, de la nation, de l'Eglise, ceux-là ne me confessent pas et je ne puis pas non plus les confesser.
Le christianisme souffre parce qu'il confesse trop peu son maître et trop les sociétés, les nationalités, les produits de l'histoire. C'est ce qui explique l'opposition qui fermente aujourd'hui contre le christianisme, tempête qui gronde maintenant contre les institutions établies. Si les enfants de Dieu se taisent, il faudra que les pierres crient. Il faut qu'il y ait des secousses pour que Jésus-Christ puisse faire irruption quelque part dans le monde - lui, cet être libre, ce simple homme de Dieu, ce Fils de l'homme. Il nous apportera d'en haut des coutumes divines : il nous fera naître, nous aussi, d'en haut sur cette terre.
Vers un réalisme chrétien
Pierre Scherding
Pour que le libre retour à Dieu devienne possible à toute l'humanité, il faut qu'il y ait des hommes qui le demandent ardemment dans leurs prières. Les disciples de Jésus doivent se rendre compte des maux qui résultent de ce que Dieu ne règne pas encore uniquement, surtout pour ceux qui vivent dans l'insouciance et l'aveuglement et deviennent ainsi la proie des puissances menteuses dont ils ne peuvent se délivrer eux-mêmes, car ils ne sentent pas les liens qui les enchaînent et ne cherchent pas à les briser.
La victoire toujours plus rapide sur tous les pouvoirs opposés à Dieu, jusqu'à ce qu'il règne seul sur toute la création, doit être pour nous tous un constant sujet de prière. Mais il y en a peu qui prient comme ils le devraient. Pour la plupart, l'avancement du règne de Dieu va de soi et ne dépend pas de leur foi ni de leurs prières, et ils vivent à cet égard dans une, tranquille insouciance. Mais nous devons, pour ainsi dire, ressentir la douleur du Père céleste qui voit une foule de ses enfants vivre loin de lui, sans que ses mains puissent les atteindre pour les rassembler dans son Royaume. Pour que ce Royaume croisse, il faut que beaucoup d'âmes croient en Jésus et naissent par la foi à la lumière. Nous pouvons y contribuer, et nous le devons, en joignant l'action à la prière. Ce n'est pas à des anges, c'est à des hommes que l'ordre a été donné de prêcher l'Evangile à toute créature. Il est donc de notre devoir de travailler à répandre toujours plus loin la connaissance de l'Evangile. Le Sauveur a dit : « Quand je serai élevé au-dessus de la terre, je les attirerai tous à moi », mais il faut que par nos prières et notre foi active, nous concourions à la réalisation de sa parole.
La Révolution de Dieu
Eberhard Arnold
Il n’y a peut-être jamais eu un temps comme le nôtre, où nous soyons tellement conscients que Dieu ne règne pas encore avec sa justice et son amour. Nous le voyons en nous-mêmes, et dans les évènements courants. Nous le voyons au sort des désespérés, des milliers de chômeurs. Nous le voyons dans le partage injuste des biens, malgré la fécondité de la terre et la générosité de ses offrandes. Alors que des travaux absolument indispensables devraient être accomplis en vue d’aider l’humanité, tout est contrecarré et détruit par l’injustice de l’ordre établi. Nous sommes au milieu d’une civilisation décadente. Une civilisation n’est pas autre chose que la mise en ordre de la nature par l’homme. Et ce travail est devenu le désordre qui crie son injustice au ciel.
Les multiples manifestations du temps nous avertissent de ce qui va se passer. Toutefois il ne se passe jamais rien dans l’histoire qui n’advienne pas de Dieu. Nous voulons le supplier qu’il accomplisse Son histoire, l’histoire de Sa justice. Et lorsque Dieu accomplit Son histoire, nous avons toutes les raisons de trembler. Car, en vue des circonstances actuelles, le courroux de Dieu doit premièrement renverser et détruire par son jugement toute l’injustice et l’indifférence, toute l’hostilité et la brutalité, qui règnent dans le monde. Le courroux de Dieu en tant que jour du jugement doit commencer Son histoire. Seulement après ce jugement est-il permis à l’aube de la joie, de l’amour, de la grâce, et de la justice de paraître.
Mais si nous demandons à Dieu d’intervenir, il nous faut mettre notre cœur à nu devant lui pour que son éclair nous frappe car nous sommes tous coupables. Il n’y a personne qui ne soit pas coupable de l’état injuste du monde actuel.
Pourquoi pardonner
Johann Christoph Arnold
La plupart de nous n’aurons jamais à confronter un meurtrier, ou un viol. Mais nous sommes tous confrontés, journellement, avec le besoin de pardonner à notre partenaire, notre enfant, notre ami, ou collègue – peut-être une douzaine de fois par jour. Et, ce devoir n’est pas moins important. Dans son poème, “Un Arbre Empoisonné,” (A Poison Tree), William Blake décrit comment le plus léger ressentiment puisse fleurir et porter des fruits empoisonnés.
Les petites rancunes de la vie sont les graines de cet arbre de Blake. Si elles tombent en terrain fertile, elles vont grandir, et si on les soigne, elles continuent à vivre. Elles semblent petites, insignifiantes, on les remarque à peine, mais il faut quand même les surmonter. Blake nous montre combien ce peut être facile: il nous faut confronter notre rage immédiatement et la déraciner, avant qu’elle grandisse.
Il est moins difficile de pardonner à un étranger, que ce n’est de pardonner à une personne que nous connaissons bien, et en qui nous avons confiance. Voilà pourquoi il est si difficile de surmonter la trahison d’amis chers ou de collègues. Ils connaissent nos pensées, nos faiblesses, nos bizarreries – et s’ils nous font un mauvais service, la tête nous tourne.
La Priere du Royaume
Jean-Christophe Blumhardt
La victoire toujours plus rapide sur tous les pouvoirs opposés à Dieu, jusqu’à ce qu’il règne seul sur toute la création, doit être pour nous tous un constant sujet de prière. Mais il y en a peu qui prient comme ils le devraient. Pour la plupart, l’avancement du règne de Dieu va de soi et ne dépend pas de leur foi ni de leurs prières, et ils vivent à cet égard dans une, tranquille insouciance. Mais nous devons, pour ainsi dire, ressentir la douleur du Père céleste qui voit une foule de ses enfants vivre loin de lui, sans que ses mains puissent les atteindre pour les rassembler dans son Royaume. Pour que ce Royaume croisse, il faut que beaucoup d’âmes croient en Jésus et naissent par la foi à la lumière. Nous pouvons y contribuer, et nous le devons, en joignant l’action à la prière. Ce n’est pas à des anges, c’est à des hommes que l’ordre a été donné de prêcher l’Evangile à toute créature. Il est donc de notre devoir de travailler à répandre toujours plus loin la connaissance de l’Evangile. Le Sauveur a dit : « Quand je serai élevé au-dessus de la terre, je les attirerai tous à moi », mais il faut que par nos prières et notre foi active, nous concourions à la réalisation de sa parole.
L’avènement complet du règne de Dieu aura lieu finalement par le retour du Christ et la révélation de la gloire des enfants de Dieu, objet de l’attente de toute la création (Romains 8.19). Puissions-nous nous écrier de tout notre cœur, avec un zèle et une ferveur plus qu’habituels : « Que ton règne vienne ! » La prière des élus qui crient jour et nuit sera exaucée à la fin et l’œuvre du Sauveur trouvera son achèvement. Quelle joie sera la nôtre, d’avoir contribué pour notre part, de toute notre âme, par notre zèle et notre abnégation, à la venue du règne de Dieu qui apaisera l’attente de toutes les créatures !
Eberhard Arnold
Sa vie et son témoignage
Eberhard Arnold admettait la nécessité de la conversion personnelle, mais il déclarait que l'éthique de Jésus, tout en reconnaissant le pouvoir de l'État, désignait le Royaume de Dieu comme tout à fait différent. Le chrétien prend constamment une position corrective à l'intérieur de l'État, provoquant un réveil de la conscience et renforçant la volonté de justice. Il doit être le levain, c'est-à-dire un corps étranger dans le sens d'une valeur supérieure. Mais tant que l'État emploie la force, le chrétien doit refuser de coopérer. Il ne peut donc être ni soldat, ni bourreau, ni préfet de police. Nous sommes tenus de témoigner par la parole et par nos actes, que la parole de Dieu est inaliénable. L'exigence est toujours absolue: "Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes". Nous nous considérons ici-bas comme un correctif de la norme.
Il fallait donc chercher des chemins nouveaux. Nous répondîmes à un appel de nos amis du "Nouveau Travail", un groupe de socialistes religieux, et à une injonction de retourner à l'Église primitive qui nous parvint de Schlüchtern. Tout d'abord nous organisâmes avec quelques amis une conférence pendant les journées de Pentecôte à Schlüchtern. Environ 200 personnes, jeunes pour la plupart, vinrent de toutes les régions de l'Allemagne, avec le désir ardent de trouver une réponse à la question brûlante: "que devons-nous faire?" Comment trouver la véritable humanité, la vraie liberté, une vie de réel dévouement? Influencés par ce que nous avions vu au Habertshof, une colonie de la Jeunesse libre allemande (Freideutsche Jugend), nous eûmes la certitude que notre voie devait être celle d'une vie en communauté fraternelle. Nous le savions bien: la propriété privée est une des causes néfastes de la guerre, et en général de la vie erronée des hommes.
La communauté fraternelle
Andreas Ehrenpreis
Nous voyons beaucoup de signes qui montrent clairement la voie qui mène à l'amour véritable et à la communauté. Mais il est tout à fait injuste de nous accuser de faire de la vie communautaire une affaire d'obligation. Absolument pas. C'est un Autre qui nous l'exige et qui nous y contraint ; mais ni Lui, ni nous ne voulons forcer qui que ce soit. Jamais ! Quiconque n'est pas motivé par l'amour et par un appel intérieur ne devrait pas l'entreprendre. Il s'agit d'un désir urgent pour la vie et la joie éternelles, et c'est une crainte de la colère de Dieu qui nous incite et qui nous pousse à Lui obéir. C'est là la source de la vie communautaire. Cela ne vient pas de nous hommes. Ce n'est pas notre invention. Cela ne peut être notre entreprise. Beaucoup d'entre nous avaient un travail et des biens et une forte volonté-propre. Nous appréciions ces choses. Nous nous sentions à l'aise dans notre environnement. Mais notre amour pour Christ et pour les pauvres nous a conduit à faire ce que nous faisons et confessons aujourd'hui. Nous avons donc expérimenté la vérité de l'expression : « Si vous voulez l'un, vous devez abandonner l'autre. » Nous avons reconnu la vérité que personne ne peut suivre deux maîtres. Nous ne pouvons pas appartenir à Mammon et à Dieu en même temps1.
Pourquoi nous vivons en communauté
Eberhard Arnold
Chaque révolution, chaque mouvement de caractère idéaliste et réformateur nous ramène à cette conclusion: Croire au bien et vouloir la communauté n’aboutit à rien de vivant, si on n’y ajoute pas le clair témoignage de l’action et la parole de la vérité. En Dieu l’action et la parole forment un tout indissociable. Il y a tant de choses pourries dans la situation actuelle que nous n’avons qu’un seul moyen de lutte. Ce moyen de lutte de l’Esprit, c’est le travail constructif de la communauté dans l’amour. Nous ne connaissons pas d’amour sentimental, pas d’amour sans travail. Mais nous ne connaissons pas non plus de dévouement dans le travail pratique qui ne démontre pas l’entente et l’harmonie que l’esprit crée entre les travailleurs. L’amour du travail, le travail de l’amour, voilà l’effet de l’esprit. L’amour de l’Esprit, c’est le travail.
Quand les hommes s’unissent librement pour travailler ensemble, rejetant toute ambition et toute prétention personnelle, ils montrent le chemin de l’unité totale de tous les hommes, celle qui se manifeste dans l’amour de Dieu et la Pourquoi nous vivons en communauté puissance de son règne imminent. La volonté dirigée vers le royaume de la paix universelle, et l’esprit dépouillé de convoitise et assoiffé de travail fraternel viennent de Dieu. Le travail devenant esprit et l’esprit devenant travail, tel est le caractère fondamental de l’avenir de paix qui vient à nous en Christ. Le travail qui devient joie d’agir pour le bien de tous, la joie de sentir la présence vivante de tous les camarades de travail, voilà la seule possibilité de vivre en communauté. Une telle joie est seulement possible là où même pendant le travail le plus rude, les hommes vivent tournés vers l’éternité, sachant que tout ce qui est physique et terrestre est promis à l’avenir de Dieu.
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